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Coraline

Le pays des merveilles n’est plus ce qu’il était...

jeudi 11 juin 2009

Digne successeur d’Alice au pays des merveilles, Coraline voyage elle aussi dans un monde étrange où les gens ont des boutons en place et lieu d’yeux. Voilà le film qui, je l’espère, va permettre à Henri Selick, resté dans l’ombre de Tim Burton depuis L’Étrange Noël de monsieur Jack de sortir enfin au grand jour. Et peut-être aussi, en même temps, de démocratisé l’animation en stop-motion, tant qu’à faire.

Coraline Jones, vient d’emménager dans une grande maison, avec un immense jardin et d’étranges voisins. Mais Coraline s’ennuie et ses parents, débordés par l’écriture de leur catalogue de plantes, n’ont pas de temps à lui consacrer.
Un jour, Coraline découvre une petite porte dans le mur qui débouche sur un autre monde. Là, elle découvre ses "autres parents", des parents toujours présents pour elle, drôles, aimants, en un mot, parfaits. Aussi, malgré leurs étranges yeux en boutons de chemise, Coraline pense de plus en plus à rester dans ce monde, beaucoup plus chaleureux...

Basé sur un livre pour enfant de Neil Gaiman [1] et réalisé par Henry Selick, le réalisateur de L’Etrange Noël de Mr Jack -et oui, désolé si vous croyiez que c’était un film de Tim Burton -, voici venir Coraline, un film qui ne plaira clairement pas à tout le monde [2]. En disant cela, je ne fais pas référence à un éventuel contenu subversif pour nos chers têtes blondes, mais à la critique principale que l’on risque d’entendre : "c’est pour les enfants".

Oui. Alors voilà, c’est dit : oui, "c’est pour les enfants" puisque cette histoire n’est ni plus ni moins qu’un conte de fées et que les contes de fées, comme chacun sait, c’est pour les enfants. [3]. Coraline est donc un conte de fée, dans sa forme narrative (on retrouve certaines des fonctions de Vladimir Propp comme l’interdiction, le don d’objet magique, ...) ou thématique (le film fait appel a un souhait très enfantin, changer de parents). Bien entendu, le monde alternatif n’a finalement rien d’enviable et sombre même dans le terrifiant, tout comme dans Hansel et Gretel où la maison en pain d’épice se transforme en piège... Comment, enfin, ne pas penser à Alice aux pays des merveilles à cause de l’histoire, certes, mais aussi de ce chat noir, parlant, apparaissant et disparaissant à l’envie ?

D’un point de vue technique, on ne peut que saluer la performance. L’animation est parfaite de même que la réalisation ou l’utilisation des couleurs (plutôt terne pour le vrai monde et ultra coloré pour l’autre). Certaines scènes marques véritablement l’imagination tel que le cirque de souris, la salle de spectacle pleine de chiens mais aussi celle de l’effacement du monde. La musique, enfin mérite d’être saluée. Écrite par Bruno Coulais, auteur des musiques des Choristes mais aussi du Peuple migrateur, de Microcosmos ou encore des Rivières Pourpres, la partition de Coraline dégage la même magie que celle qu’il avait écrite pour L’Enfant qui voulait être un ours.

Coraline constitue un film parfait pour les enfants (surtout ceux qui aiment avoir peur) et pour leur parents qui n’ont pas peur d’aimer les contes de fées.

Coraline Bande anonce VO
Neil Gaiman à propos de la fibulanophobie

Notes

[1] Excellentissime auteur de comics (notamment de 1602 et de la série Sandman), de romans et de nouvelles (on pourrait citer American God ou De bons Présages, co-écrit avec Terry Pratchett sur lequel j’écrirais surement un article dès que je l’aurais relu...) et, enfin de scénario (Mirror Mask de Dave McKean )

[2] Mais y a t’il des films qui le peuvent ? Quelque soit le film, il y aura toujours des esprits chagrin pour ne pas aimer...

[3] Si l’ironie subtilement dissimulée dans cette phrase vous a échappé, vous pouvez arrêter la lecture de cette critique ici.

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