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From Hell, une autopsie de Jack l’Éventreur

samedi 3 octobre 2009

On le sait, les adaptations des comics d’Alan Moore au cinéma sont délicates. Si certaines s’en tirent avec les honneurs (V pour Vendetta, ou Watchmen), d’autres tiennent plus du massacre comme La Ligue des gentlemen extraordinaires. From Hell a lui aussi connu la joie de l’adaptation cinéma, avec un bilan mitigé, après lecture de l’œuvre original de près de cinq cents pages.

Londres, 1884. Albert Sickert, frère du peintre Walter Sickert épouse Annie Crook après lui avoir fait un enfant. Après quelques temps de bonheur pourtant, des hommes entrent dans leur appartement et les emmènent de force dans des calèches séparés. Albert est en vérité le prince Albert Victor de Galles, petit fils de la reine Victoria. C’est le début d’un engrenage qui conduira à une série de meurtre qui ensanglantera le quartier de Whitechapel pendant l’automne 1888.

Si vous avez le film tiré du présent comic, vous en gardez peut-être d’un film esthétiquement léché racontant l’enquête du détective Abberline de Scotland Yard pour démasquer Jack L’éventreur. Et bien oubliez-le. Une fois de plus, l’oeuvre d’Alan Moore a été trahie lors de son adaptation et n’a rien à voir avec le film qui en est tiré...

Tout comme le film, le livre s’appuie sur les théories de Stephen Knight sur un complot franc-maçonnique qui, si elles sont peu crédibles, on le mérite de servir l’imagination. L’oeuvre de Knight n’est d’ailleurs qu’un point de départ pour les auteurs qui ont cumulé une somme de recherche assez impressionnante. Le résultat est bluffant. Nous assistons à une reconstitution précise des meurtres, de l’enquête et de l’époque et de son mode de vie d’une manière générale tant sur le plan de l’écriture que sur le plan du dessin.

Mais, si le film n’était qu’une banale enquête policière, le livre, lui, constitue une "autopsie de Jack l’éventreur" - le sous-titre de ce roman graphique -. On va donc pénétrer profondément dans l’esprit du tueur, connaître les raisons qui le pousse à tuer, les raisons qui le poussent à le faire de manière aussi horrible. Car bien vite, les meurtres, ordonnés par la couronne, vont échappés au contrôle royale alors que nous découvrons, petit à petit, l’étendue de la folie de Jack l’Éventreur, de son obsession pour le mysticisme, chaque meurtre s’accompagnant de visions prophétique d’un Londres à venir une centaine d’années plus tard, notamment à partir du dernier meurtre où passé, présent et avenir se confondent.

Le dessin, lui aussi a bien sûr une part importante dans l’œuvre. En noir et blanc pur, le dessin à la plume-exception faite d’une séquence alternant avec des dessins à l’aquarelle, montrant en parallèle la vie d’une prostituée, futur victime, et celle de son meurtrier, médecin royal -, extrêmement sombre, apporte une touche cauchemardesque à l’ensemble.

Pourtant, la dernière page de l’histoire tourné n’est pas synonyme de fin. En effet, l’éditeur - Delcourt pour l’édition française- nous fait le cadeau de deux annexes qui prolongent l’œuvre. La première, d’une quarantaine de pages, reprend, page par page ou presque, les sources utilisés pour l’écriture du livre et l’avis de l’auteur sur lesdites sources. La seconde, nommé Le Bal des chasseurs de mouettes, est une courte bande dessinée où l’auteur présente les différentes recherches et théorie élaborés sur l’identité de Jack L’éventreur et son propre avis sur la question. Ces deux annexes constituent un bonus aussi intéressant que la partie principale, voire même nécessaire pour la compréhension de certaines scènes.

Ce livre constitue, pour moi, un chef-d’oeuvre de plus par écrit par Alan Moore. La vie à l’époque victorienne, avec ses salons, ses démunis, la réflexion sur la place de femme, le mysticisme, autant de thèmes abordés -outre le principal de Jack l’Éventreur - qui sont autant de raisons de se plongé dans ce monument.

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