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Des femmes qui tombent

Pierre Desproges n’a pas dit que des conneries. Il en a aussi écrit.

lundi 13 octobre 2008

Après Mathias Malzieu, Sherlock Holmes et Florence version Steampunk continuons dans la série littéraire avec Pierre Desproges ( des vidéos sont disponibles sur Dailymotion, notament, celle-ci), humoriste reconnu pour son humour noir. Si on connait ses chroniques de la haine ordinaire, ses fameux réquisitoires au tribunal des flagrants délires, ou sa minute nécessaire de M. Cyclopède, l’humoriste a également écrit des livres : du dictionnaire superflu à l’usage del’élite et des biens nantis à Vivons heureux en attendant la mort, du Manuel de savoir-vivre à l’usage des rustres et malpolis à les Etrangers sont nuls, on retrouve toujours le même ton, la même aisance dans le phrasé. Et ce n’est pas ce roman qui fera exception.

Des femmes qui tombentCérillac, pittoresque bourgade aux confins du riant Limousin et du verdoyant périgord (FR3 Lille), est victime d’un véritablegénocide des limousines (Radio-Limoges). Quelqu’un tue les femmes du village. Personne n’est à l’abri du mystérieux tueur et rien ne relie les les crimes entre eux. Rien, si ce n’est que toutes les victimes ont été piquées par un moustique...

[Pierre Desproges a donc écrit un roman. Tiens, c’est nouveau, ça. Je ne savais pas. Et là, surprise - enfin, surprise, pas tellement, c’est Desproges, après tout...- c’est excellent ! On retrouve avec plaisir le ton de l’auteur – à tel point que si, comme moi vous avez beaucoup écouté ses chroniques ou réquisitoires, vous aurez l’impression d’entendre sa voix vous faire la lecture au creux de votre oreille - , son humour noir - que personne n’oserait refaire aujourd’hui - , son style d’écriture, tout est là. Chaque page comporte au moins un passage digne de figurer dans un dictionnaire de citations.

On a affaire ici un formidable terrain de jeu pour l’auteur, qui se plaît à nous embarquer dans une histoire abracadabrantesque, suivant les traces de Rouchon, le médecin alcoolique, du journaliste Marro ou du boucher Labesse et de ses lieux communs.

Pierre Desproges Un livre qui pourrait faire sienne le quatrième de couverture de Vivons Heureux... :
"Je viens de lire [Des femmes qui tombent] de Pierre Desproges. Un écrivain est né. Et je pèse mes mots comme il sait peser les siens. "
Pierre Desproges, Journal de Pierre Desproges.

" Sous le nez rouge du clown, il y avait une plume. Cette plume, Desproges me l’a platée dans le coeur. "
Corentin Fion, Les cahiers de la marge.

" Où ça ? "
Ludwig van Beethoven.

" Je dis : dans le coeur. "
Corentin Fion, Les cahiers de la marge.

Mot de l’éditeur

"Après avoir lu ce livre, mon éditeur, ma soeur et ma femme me demandent pourquoi l’aubergiste Gilberte a la tête enfermée dans un sac plastique, au moment où son corps pendu est découvert dans le cellier. Je réponds que je n’en sais rien. Peut-être s’agit-il d’un ultime geste de coquetterie assez compréhensible de la part d’une femme qu’on devine accorte mais pudique et qui aurait jugé inconvenant de montrer une langue pendante au premier découvreur de cadavre venu ? Mais peut-être pas. C’est un mystère. Il faut parfois laisser traîner des mystères à la sortie des livres. Aux derniers chants de l’Odyssée, qui célèbre le retour à Ithaque, l’auteur n’évite-t-il pas, et avec quelle délicatesse, de s’étendre sur la surprise d’Ulysse décelant une odeur d’aftershave au fond du lit conjugal enfin retrouvé ? Le lecteur aura compris que ce livre, Des femmes qui tombent, est en réalité un humble mais profond hommage rendu à Homère et à sa cécité. "

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